Tout commence par un cri, un choc, un détour avant de rentrer chez soi.
La veille de l’anniversaire de sa fille, Elisa percute une panthère. De ce choc, nait une logorrhée, amenant Elisa à ne pas rentrer chez elle. Au volant de sa voiture, celle-ci se perd dans les méandres de son histoire et des routes et chemins qu’elle croise. Accompagnée par un musicien, elle retrace l’histoire de son adolescence marquée par le développement d’une étrange pathologie nommée « vaginisme ». Pathologie ayant pour conséquence de la rendre inapte au monde, aux relations humaines, lui donnant l’étrange sentiment d’être amputée d’une partie d’elle-même. »
Au delà de l’histoire singulière d’Elisa, L’empreinte du vertige questionne notre rapport à la transmission, à la parentalité, à notre propre adolescence, à la tendresse.
J’ai écris L’empreinte du vertige parce qu’un jour ma propre histoire a rencontré celle d’un million de femmes. Victime d’une pathologie méconnue du grand public et d’un acte pédophile, j’ai passé mon adolescence dans le silence et le combat pour trouver la paix et la joie. Au cours de ces années, ma langue s’est déliée et mes oreilles se sont ouvertes. Découvrir l’immense banalité de mon histoire, le nombre considérable de soeurs de chagrin me mit la plus grande claque de ma vie.
Le vaginisme dont j’étais atteinte n’était pas un mal extraordinaire dont j’avais hérité par je ne sais quel hasard morbide. Le vaginisme était partout, plus ou moins violent, plus ou moins caché, plus ou moins connu. Je prenais conscience de l’immense tabou que constitue la découverte sexuelle et le développement d’une intimité.
Comment est-ce possible de vivre dans une société de l’ultra-communication et que certaines femmes ne connaissent même pas le nom du mal dont elles sont atteintes? Comment est-ce possible qu’en 2017, tant de femmes soient encore muselées, muselant par ricochet les hommes qui les accompagnent, les aiment, les admirent, les soutiennent, les fuient?
Dès lors, de quoi héritons-nous? Que désirons-nous transmettre?
Ainsi est née Elisa, héroïne de L’empreinte du vertige, avatar de ma vie, messagère de ma révolte, dénonciatrice du scandale. Non pas pour être plaint par le reste du monde – il ne s’agit pas là de faire une thérapie groupée – mais pour faire résonner sa voix dans les oreilles de ceux qui ne savent pas, ceux qui ont peur, ceux qui se taisent et de tout un chacun.
Parler du vaginisme n’est qu’un prétexte. Parler de sexualité est compliqué, d’autant plus lorsqu’il s’agit de sa découverte. Parce qu’il existe une multitude de tabous à ce sujet nous rendant honteux sous la pression de la performance, de la perfection, de la soi-disante liberté sexuelle. Parce que dans l’adversité de ces tabous, la dépression ne rôde souvent pas loin. Parce que la résilience est possible. Parce que les chiens peuvent faire des chats. Parce que la fatalité n’existe pas sauf dans notre mortalité.
Je tente avant tout dans L’empreinte du vertige de raconter une histoire qui pourrait commencer par « il était une fois ».
L’empreinte du vertige est une fiction.
C’est l’histoire d’une résilience possible, d’un sursaut de vie.
La FACT :
La F.A.C.T, compagnie théâtrale, c’est quatre artistes (Clément, François, Jean-Baptiste et Aurélien) qui s’associent pour créer des spectacles et pour en soutenir d’autres venant d’artistes différents. S’y joignent alors, aujourd’hui, d autres acteurs et metteurs en scènes, des créateurs, des administrateurs, etc.. Grâce toutes ces énergies, la F.A.C.T devient un espace d’échanges et de discussions collectives qui imagine son avenir au quotidien. Nous souhaitons mutualiser nos savoir-faire, au service de chaque nouveau projet. Au fur et à mesure des créations, nous apprenons ensemble, cherchons ensemble, inventons ensemble, chacun dans notre rôle. C’est cette connaissance du travail des uns et des autres et ce soutien donné à d’autres artistes qui permet cette confiance en tous. Nous rêvons un théâtre en liberté, qui met notre idée du « Réel » en question, et joint nos imaginaires l’espace d’une représentation. Émancipés du désir de nouveauté factice que notre monde impose, nous préférons la recherche sincère et perpétuelle de la beauté et de la vérité. Les créations de la compagnie F.A.C.T, à la mesure de leur champs d’action, veulent apporter leur petite pierre à cet édifice qu’est l’Art au service de tous! Qu’importe les supports que nous utiliserons, car la diversité des formes que nous créons, nous prouve que tous les univers se répondent, dès lors qu’ils convergent vers notre nécessité d’enfin prendre la parole!
Crédits :
Texte : Angèle Baux Godard
Mise en scène / Scénographie : Clément Goethals
Création Lumière : Amélie Géhin
Création Costumes : Marine Vanhaesendonck
Création Sonore : Jérémy David
Jeu : Angèle Baux Godard et Jérémy David
Photo : Serge Gutwirth
Soutiens et partenaires :
La Comédie de l’Est Colmar, Théâtre du Peuple Bussang, Théâtre des Doms Avignon