Face aux injonctions paradoxales, à l’incohérence latente, le développement de la frustration est-il inévitable? Quand celle-ci devient ingérable, ne trouve pas de porte de sortie, le processus naturel humain est-il le développement d’une maladie mentale? La problématique à résoudre est-elle alors la maladie mentale ou l’incohérence qui l’a causé? Quels pourraient être les rituels, cérémonies modernes, protocoles de soin? Ré-introduire la notion de catharsis au coeur de nos sociétés per- mettrait-il de requestionner la place de nos émotions dans la société? À partir de quand un geste devient pathologique, cathartique ou apaisant?
C’est agité·es par ces questions que Dégoupillé·es est née. Rapidement, la question de l’espace s’est posée, et plus précisément l’espace dit public. II nous est apparu très vite que selon le lieu et la culture dans lequel certaines actions ou comportements s’inscrivent, ceux-ci sont considérés de façon radicalement différente. La question qui nous intéresse n’est pas seulement l’action en soi, mais le regard que la société, dans laquelle elle s’inscrit, porte sur elle.
Qu’est-ce que amène le regard à ‘pathologiser’ un geste? Quelles sont les règles implicites d’un espace, qui vont alors jouer sur cette interprétation (réponse subjective bien sûr, car nous vivons les lieux différemment, aussi selon nos identités, positions, vécus sociaux.ales)? Comment alors le geste devient profondément culturel, politique, structurel. L’intégration ou l’exclu- sion de celui qui l’opère devient alors une lunette par laquelle nous pouvons interroger le monde et notre rapport à la différence.
Dégoupillé·es explore la notion de santé mentale, des frontières que nous ne franchissons pas. À ce point de rupture où le comportement dit “hors norme” signe la dé-socialisation de l’individu même si ce comportement permet au contraire de gérer ses émotions. C’est l’expression de ce qui dé- borde en nous. De nos corps en déséquilibres. De nos êtres qui se raccrochent.