L’ombre s’écrit en japonais 影 « Kage ». Littéralement, cet idéogramme raconte que lorsqu’un objet prend la lumière, une ombre apparait face à lui.
Dans les dessins d’Ikue Nakagawa, des bonshommes noirs apparaissent régulièrement. Ils représentent tant sa dessinatrice que des sortes de messagers. Ceci lui rappelle les kuroko, vêtus de noir, qui dans le Kabuki, forme théâtrale japonaise, ont le rôle d’assistants. Ils sont sur scène mais restent dans l’ombre. L’ombre et le Kuroko sont rarement le centre de l’attention.
Dans Nakami, Ikue Nakagawa, seule sur scène, souhaite faire face à cette ombre qui la compose mais qu’elle tait par peur, convenance, habitude ou ignorance. Pour cette création, la chorégraphe lui fera face afin de comprendre ce qu’il s’est construit malgré elle. Par exemple, les représentations culturelles et sexuées. Concrètement, il s’agit de faire sur scène ce que son corps n’a jamais voulu, ou plutôt, ce qu’elle n’a pas voulu pour lui ; Son corps de danseuse, de fille, de femme, de mère, de femme japonaise, de japonaise immigrée… D’une certaine façon, s’adonner au cauchemar pour aller chercher ses racines, relier l’ombre et la lumière.